"C’est mon meilleur joueur depuis le début de saison." A l’heure de livrer son regard sur Aymeric Minne, Jérôme Fernandez n’hésite pas très longtemps avant de reconnaître qu’à seulement 19 ans, son jeune arrière gauche est un élément moteur du début de saison réussi par le Pauc, sixième du classement de la Lidl Starligue au soir de la 8e journée. Avec 41 buts, le natif de Melun - où son père Paul a évolué avant porter le maillot du PUC ou de Pontault-Combault - figure en effet dans le Top 10 des meilleurs buteurs (9e), au même titre qu’un certain Melvyn Richardson, autre surdoué de la génération 97, avec qui il fut champion du monde U19, à l’été 2015.
Un été en forme de charnière pour le jeune Aymeric, qui fréquente alors le centre de formation de Toulouse, sans jamais avoir goûté à une feuille de match chez les pros. C’est à la fin du mois d’août que le jeune homme décide de dénoncer la convention qui le lie au Fenix pour encore une saison, afin de s’engager avec le Pauc, avec qui il s’imagine trouver du temps de jeu à court-terme. Une décision assumée par le joueur, mais qui déplaît fortement aux dirigeants toulousains, remontés contre leurs homologues provençaux. "Ce fut forcément difficile car ça a fait toute une histoire, souffle le jeune prodige, dont le frère, Nicolas, reste à Toulouse. Ce fut difficile par rapport à lui... Et puis pendant plusieurs semaines, j’ai dû m’entraîner tout seul et j’ai raté le début de saison."
"Un profil à la Kentin Mahé"
Son arrivée actée, Aymeric Minne ne met pourtant pas longtemps à se faire sa place au sein de l’effectif aixois. "A la base, je devais m’entraîner avec les pros et faire des feuilles de match sans être assuré de jouer. Mais au final, si j’ai très peu joué face à Créteil et Tremblay, j’ai profité des matches face à Montpellier (3 buts) et Paris (6 buts), contre qui il est plus difficile de prendre des points, pour jouer et réussir de bonnes choses et avoir la confiance des coaches", note celui qui sera même nominé pour le meilleur joueur du mois de novembre, et terminera sa saison avec un sacré carton à Coubertin face au PSG, avec 12 buts. "Il lui a fallu un peu de temps pour trouver ses marques quand il est arrivé, mais il s’est vite intégré. Il a simplement manqué de régularité sur la saison", glisse Jérôme Fernandez.
Un défaut que le joueur gomme peu à peu depuis la reprise. "L’an passé, j’ai profité de l’effet de surprise, du fait qu’on ne me connaissait pas. J’ai réalisé de belles choses, mais j’ai aussi été un ton en-dessous sur certaines rencontres, face à des adversaires plus faibles, estime-t-il. Cette saison, j’ai plus de responsabilités et je me dois de confirmer." Plus mature dans son jeu, celui qui a découvert le handball à Tournefeuille, dans la banlieue toulousaine, parvient à mettre en valeur des qualités indéniables. "C’est un joueur qui apprend vite, qui a de la justesse dans son jeu. Il a une très bonne passe, une bonne lecture de jeu. Il est aussi assez efficace à la finition car il tire très vite et très fort. Il a de vrais qualités de vitesse, d’explosivité pour compenser son léger manque de centimètres (1,86m). C’est un profil à la Kentin Mahé", décrypte son entraîneur.
"Je lui laisse le temps de grandir"
Des qualités physiques qui vont de paire avec une tête bien faite. "Aymeric est quelqu’un de très facile à entraîner. C’est un garçon très sérieux qui se donne les moyens de ses ambitions, qui fait attention à la récupération, à l’hygiène de vie, à son sommeil… C’est quelqu’un qui assimile très vite les conseils, un peu à l’image de Valentin Porte que j’ai connu à Toulouse, ajoute Fernandez, qui prend soin de ne pas trop exposer sa perle, en le faisant glisser sur le poste d’arrière gauche, malgré un profil de demi-centre. Je préfère donner les clés du jeu à un joueur plus expérimenté comme Iosu Goni Leoz ou Romain Guillard. Mais son poste d’avenir c’est plutôt demi-centre. Il n’a que 19 ans et même s’il a de la maturité, je lui laisse le temps de grandir pour qu’il prenne les rênes de l’équipe un peu plus tard."
Une décision comprise par Aymeric Minne, qui continue de jouer demi-centre en équipe de France, chez les U21. "On a une super équipe, avec une super ambiance. Ca permet de vivre autre chose, de côtoyer d’autres coaches… C’est forcément enrichissant, glisse le prodige, qui pense forcément aux grands Bleus. Je l’ai dans un coin de la tête, mais je ne prends pas la tête avec ça. Je ne vais pas détrôner Karabatic ou Narcisse dès demain. Je m’applique plutôt à progresser pour être à leur niveau où je suis appelé." Un jour qui devrait arriver un jour ou l’autre. "Je ne suis pas sélectionneur mais il est clair qu’il fait partie des droitiers d’avenir, conclut Fernandez. On a quelques arrières gauches pour la suite comme Mathieu Grebille ou Timothey N’Guessan. Sur le poste de demi-centre, avec Kentin Mahé, Aymeric est quelqu’un qui peut apporter des solutions."
Benoît Conta