"Je me sens bien." Pas besoin d’y aller par quatre chemins. A l’heure de revenir sur son bon début de saison, Wesley Pardin ne tourne pas autour du pot. "Je suis satisfait, oui, appuie celui qui, avec 93 arrêts au compteur, à 36%, présente le meilleur pourcentage de réussite du championnat. Les coaches me font confiance, je suis dans les meilleures dispositions possibles." Un constat qui ne doit cependant rien au hasard. A bientôt 30 ans, l’ancien Toulousain, que l’on connaissait instinctif mais inconstant, a laissé place à un portier bien plus en place, capable d’enchaîner les performances avec régularité. Le résultat d’un long travail, tant physique, technique que mental, que le Martiniquais a entamé à son arrivée à Aix, à l’été 2017, sous l'œil bienveillant de Jérôme Fernandez. "Je m’aperçois maintenant qu'à Toulouse, je réclamais un rôle de numéro 1 sans vraiment mettre tous les ingrédients pour y parvenir", souffle-t-il.
Le premier chantier est physique. "Au début de ma carrière, je devais peser entre 115 et 118 kilos, et j’étais à la peine dès qu’il fallait enchaîner les efforts, décrypte le portier. En compagnie d’Alex Pongérard, notre préparateur physique, j’ai donc effectué un gros travail pour perdre ces kilos superflus." Délesté d’une quinzaine de kilos, il fait désormais tout pour conserver ce poids de forme. "J’ai pris conscience que le haut niveau, ce n’est pas simplement aller à l’entraînement et faire les matches. Il y a aussi le travail de l’ombre. Je fais désormais attention à mon hygiène de vie, à mon sommeil." Place ensuite au travail technique.
"L'équipe de France ? Je trouvais que c’était trop pour mes épaules"
Cette fois, le maître d’oeuvre s’appelle Slavisa Djukanovic, historique gardien de but de notre Lidl Starligue. "Il m’a fait repartir de zéro. Il a repris toutes les bases, décrypte le cobaye. Tout ce travail de fond avait notamment pour objectif de faire plus d’arrêts « faciles ». Avant, je jouais beaucoup à l’instinct, au feeling. Je pouvais faire de grosses parades, mais ces arrêts-là, je ne les faisais pas." Un travail technique qui va de paire avec un travail de concentration, pour dompter le fort caractère qui anime Wesley Pardin depuis le début de sa carrière, et son arrivée en Métropole, à l’âge de 16 ans. "Ce caractère, cette colère que j’ai en moi, c’est autant une force qu’une faiblesse, estime le natif de Lamentin. Tout ça vient de là où j’ai grandi. Chez moi, il ne fallait pas se laisser marcher dessus, être quelqu’un de dominant."
Impulsif, parfois jusqu’à l’excès, le Martiniquais, (heureux) papa de triplées à la ville, apprend peu à peu à dompter la bête qui sommeille en lui. "Mon objectif, c’est de parvenir à changer cette colère négative en quelque-chose de positif. Si je craque, mon adversaire le voit, je suis moins concentré, et donc moins performant, analyse-t-il. Alors j’essaye de me concentrer pour rester dans mon match, même quand je ne suis pas dans un bon jour. Ce qu’il faut, quand ça ne va pas, c’est au moins sortir le minimum syndical. C’est ce que je parviens à faire de mieux en mieux." Une régularité dans la performance et une personnalité apaisée qui lui ont permis de retrouver l’équipe de France, en avril dernier.
La fin d’un tunnel de trois ans sans porter le maillot bleu. "Mais lorsque Claude (Onesta) m’appelait, je ne comprenais pas pourquoi. Pourquoi moi ? Je trouvais que c’était trop pour mes épaules. Je n’étais pas le meilleur. Je ne regrette rien, mais je pense que c’était trop tôt pour moi, lâche-t-il avant de conclure. Maintenant, je suis mieux dans mes baskets, et quand Didier m’a rappelé, j’ai eu cette envie de prouver que j’avais ma place, au milieu de ces grands gardiens. Je sais désormais ce que j’ai à faire, être bon quand on fait appel à moi. Maintenant si je peux participer aux JO, ce qui serait un Graal, tant mieux. Mais je ne suis pas focalisé à 400% là-dessus. Le plus important, ce sont mes performances en club. Le reste viendra si ça doit venir…" La voie de la sagesse…
Benoît Conta
Crédit photos: PAUC et Didier Lanly