Les premières fois de... Mickaël Robin

LNH - Publié le 15 avril 2020 à 16h09
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Après Arthur Anquetil et Xavier Barachet, au tour de Mickaël Robin de revenir sur quelques grands moments de sa carrière.

Mon premier entraînement de handball

« J’avais cinq ans. J’accompagnais mon frère qui a trois ans de plus que moi et qui avait déjà commencé le handball. C’était dans un petit club de la banlieue de Strasbourg qui s’appellait le SP Neuhof, un club qui n’existe plus. C’était un peu dans la famille de faire du handball puisque mes deux parents et mon frère en faisaient. Je me souviens d'ailleurs avoir voulu faire du foot et ne pas avoir trop apprécié aller au hand à la place. Mais ça s’est plutôt bien passé au final... (sourire) Pour le poste, j’ai joué pas mal dans les buts et dans le champ en même temps, puis j’ai fait le choix d’aller au but vers 10/12 ans car c’était là que je me débrouillais le mieux, tout simplement. »

La première fois que j'ai pensé à devenir pro

« Ca ne m’a jamais traversé l’esprit en fait. Tout s’est enchaîné tellement vite. Quand je suis entré en sport-études, Alain Quintallet est venu me chercher pour jouer avec la réserve de Sélestat, qui était à l’époque en N2. Et puis au bout de six mois de cette saison-là, j’ai intégré le groupe pro suite à des blessures chez les gardiens en place, et je ne l’ai pas quitté en réussissant à être bon tout de suite. Ensuite, à la fin de la saison, on m’a proposé un premier contrat semi-pro, puis pro. Du coup, je n’ai pas eu le temps de me poser la question, de tergiverser sur ce sujet. »

Ma première avec les pros

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« C’était à ce moment-là, j’avais 16 ans. J’étais moi-même surpris de voir que je parvenais à faire des arrêts car en N2 j’étais encore loin d’être le meilleur. Je me souviens d’ailleurs de mon premier match. C’était à Ivry, je fais la deuxième mi-temps parce qu’on ne joue pas bien et qu’on perd de 5/6 buts. Et je fais une dizaine d’arrêts... De voir que je pouvais mettre en difficulté des joueurs que je regardais avec des grands yeux, c’était une belle fierté. (sourire)  Le passage en première division s’est finalement passé naturellement. A l’époque, la paire de gardiens c’était la légende Igor Tchoumak, associé à Fabien Eiché, qui était un peu le gardien local, qui avait un peu le même gabarit qu’Igor, très grand et assez gros. Lui se blesse, et derrière, le gardien numéro 3, Mladen Jovicic, n’a pas été performant. Je me suis retrouvé numéro 2, à jouer des matches, avoir du temps de jeu. Et puis j’avais Igor, qui m’a pris sous son aile à l’entraînement, qui m’apportait beaucoup, tout comme Jean-Luc Kieffer, qui s’occupait de moi au sports-études. Les deux en parallèle ont fait que j’ai très vite progressé sur cette période. »

Mon premier départ d'Alsace

« En 2008, pour aller Chambéry. Les choses sérieuses commencaient on peut dire. Je sortais d’un bon club de D1, qui avait sa place en D1 mais qui jouait quand même le bas de tableau, à Chambéry, l’un des deux meilleurs clubs français. Je n’ai pas hésité une seule seconde, surtout que je pouvais réaliser mon rêve d’enfant, qui était de jouer la Ligue des champions. D’ailleurs, sur un de mes premiers matches dans la compétition, à Celje, je me souviens d’une belle boulette. Un de mes coéquipiers va tirer et se fait contrer. J’étais en dehors de la zone, la balle revient vers moi… et me passe entre les jambes pour terminer en corner. En plus de ça, je ne connaissais pas bien la règle et j’ai demandé pourquoi il y avait corner à l’arbitre car j’avais touché le ballon ! (rires) On s’est bien foutu de moi et c’était plutôt mérité. C’était un bon bizutage. (sourire) »

Mon premier titre de meilleur gardien de Lidl Starligue

« C’est en 2010. C’était une saison vraiment extraordinaire. Sur le terrain, je me faisais énormément plaisir. On jouait les trouble-fêtes en Ligue des champions, c’était plus dur en championnat car Montpellier était trop fort, mais je me suis vraiment éclaté. Ca a été couronné par ce titre de meilleur gardien de la saison, mais aussi ma signature à Montpellier. On en a parlé un peu de cette signature, car à l’époque ça ne se faisait pas trop de passer de l’un à l’autre, mais après deux saisons à perdre contre eux, quand ils m’ont contacté, c’était compliqué de refuser. (sourire) Il y avait cette perspective de gagner des titres, mais aussi, dans un coin de ma tête, l’équipe de France. Sur le terrain, ça se passait bien, on parlait un peu de moi, je signais à Montpellier… Il y avait un chemin. Maintenant il y avait aussi Thierry Omeyer qui a gelé le poste pendant 15 ans, et il n’y avait pas forcément la nécessité de faire des tests avec les jeunes derrière. C’est comme ça. (sourire) »

Ma première grosse blessure

« C’est en 2011. Je me fais une désinsertion des ischions et ça m’a écarté pas mal de temps des terrains, presque neuf mois. C’est un premier coup dur mais je ne doute pas vraiment à ce moment-là car j’avais signé quatre ans, et Patrice Canayer m’avait expliqué son plan. La première année, je ne jouais pas beaucoup derrière Richard Stochl, et je devais faire ensuite mon trou petit à petit. C’était juste un contre-temps. Ce fut plus compliqué ensuite, sur la deuxième blessure, en 2013. Mais je ne doutais pas du fait de continuer ma carrière pro. Cela m'a simplement ouvert sur d’autres perspectives. Je me suis dit que j’avais envie de faire autre chose que du handball à 100%. Ca m’a servi de petit déclic. »

Ma première au Palau Blaugrana

Crédit: Sport Total TV

« Beaucoup de stress. (rires) J’étais allé voir quelques matches là-bas, et j’étais un vrai fan. (sourire) Du coup ce fut vraiment une expérience exceptionnelle pour moi (Mickaël a joué trois mois à Barcelone, en tant que joker d'Arpad Sterbik, blessé, ndlr). C'était vraiment un grand bonheur de prendre ma voiture chaque matin pour pénétrer dans l’enceinte du Camp Nou et aller m’entraîner au Palau. J’ai tout de même eu pas mal de stress sur le premier match. Tu portes quand même le maillot du Barça, tu as envie de bien faire. (sourire) Mais, j’ai eu de la chance, tout est allé très vite puisque 48h après ma signature, on jouait à l’extérieur, à Puerto Sagunto. C’était à l’extérieur déjà, donc moins de pression, et j’ai fait un bon match. J’ai joué 1h et j’étais intégré. Cette expérience m’a aussi permis de participer à un Final4 de Ligue des champions, même si ça s’est mal terminé avec un revirement de situation incroyable en demi-finales. Et même si je n’ai pas joué, j’étais là et j’ai pu vivre pleinement cet évènement exceptionnel. »

Mon premier choix de club non basé à 100% sur le sportif

« J’avais donc commencé à penser à l'après-carrière lors de mes blessures à Montpellier, et j’ai pris conscience que je souhaitais continuer le handball, mais ne plus faire que ça. J’ai toujours voulu une soupape intellectuel, et c'est à ce moment que j’ai décidé de devenir kiné. Et Cesson-Rennes m’a proposé le meilleur double-projet, avec une école qui pouvait m’intégrer, qui n’était pas loin. Et puis même en terme géographoique, c’est une ville de province où tout est plus facile d’accès. Ca s’est donc fait rapidement et j’ai vite trouvé mon rythme. Cela faisait 6 ans que j’avais quitté les bancs de l’école, mais j’étais tellement motivé à reprendre que ça s’est fait naturellement, le cerveau a suivi. (sourire) C’est plus le fait de rester assis du matin au soir qui était compliqué pour moi. (rires) »

Mon premier match en Proligue

« (rires) Ce n’est pas forcément un bon souvenir ça. C’est sans doute le pire de ma carrière, cette saison durant laquelle on est descendus avec Créteil (en 2017, ndlr). J’ai beaucoup de respect pour cette Ligue et ça joue vraiment bien. Ce n’est pas une honte de jouer en Proligue, mais cette descente m’a beaucoup fait mal à la tête. Il a fallu se replonger dans le projet du club, ça n’a pas été évident. Mais avec l’arrivée de Pierre Montorier, on a réussi à tirer vers un projet commun, tirer un peu tout le monde vers le haut et on a réussi à remonter. Mais l’été qui a suivi la descente a fait très mal à la tête, et j’ai mis quelques mois à me remettre dans les clous. »

Mon premier pas de kinésithérapeute

« J'ai décroché mon diplôme de kiné l’été dernier et c'est une grosse fierté. Ce sont des études exigeantes qui demandent beaucoup de temps et d’investissement. Mais c’est vraiment ma vocation, ce que je voulais faire. Ca a été long, mais au final le diplôme est là et je suis vraiment fier car nous ne sommes pas nombreux à avoir réussi à mener ce double-projet de front. Maintenant que c’est fini j’ai plein de temps pour moi et je suis de nouveau handballeur à temps plein. C’est une vraie fraîcheur pour moi. J’ai le temps de profiter de ma femme, de ma fille, et même de me faire des petites siestes ! C’est cool. (sourire) »

Crédit: Instagram du joueur

Ma première consultation en tant que kiné

« Pour le moment, ce n’est pas à l’ordre du jour. Je me sens encore en pleine forme physiquement et je suis vraiment à fond concentré sur le handball. Je voulais ce diplôme pour assurer ma reconversion et je vais faire encore quelques petites formations. Mais c’est 100% handball pour le moment. Je fais juste quelques petites consultations pour mes proches qui ont toujours un bobo à l’épaule ou au dos. (sourire) En revanche, je prends vraiment à coeur d’évoquer ce sujet avec les jeunes, notamment via l’AJPH. Le handballeur français a encore besoin d’être accompagné, même s’ils se posent de plus en plus la question. On a du temps et de plus en plus de choses sont possible au niveau des formations. Il faut réussir à anticiper l'après-carrière et c’est vraiment une problématique importante pour moi. »

Benoît Conta