"Chocolatine !" Comme à l’heure de conclure une action sur son aile, Nemanja Ilic n’hésite pas. Pas question de se laisser piéger par l’une des questions les plus clivantes de notre siècle. Alors qu’il démarre sa cinquième année dans la Ville Rose, le Serbe se sent Toulousain et le prouve: le pain au chocolat, ça n’existe pas. "On peut dire que je suis Toulousain, oui", sourit-il. A 27 ans, l’ailier gauche est devenu un élément incontournable du paysage au Fenix. Un constat loin d’être évident à l’été 2013, lorsque qu’il s’engage avec une mission pour le moins imposante : remplacer Anouar Ayed, neuf saisons au club et alors meilleur buteur de l’histoire de la Lidl Starligue.
« Ilke » a alors 23 ans, et n’a connu qu’un seul club, le Partizan Belgrade. "J’ai commencé là-bas vers 8 ans. J’ai vu un entraînement un jour en rentrant de l’école et le lendemain j’ai commencé", se souvient-il. Quinze ans plus tard, il décide de s’envoler vers d’autres cieux, pour découvrir la France. "A l’époque, il y avait Jérôme Fernandez, Valentin Porte ou Danijel Andjelkovic, j’avais vraiment envie de jouer avec eux, note le natif de Belgrade. Ce fut un peu difficile au début au niveau de la langue, mais nous parlions en anglais et j’ai pu m’intégrer vite à un super groupe."
"J'aimerais bien continuer ici"
Pour s'intégrer, Nemanja Ilic y met franchement du sien, en se montrant rapidement efficace sur son aile gauche. Avec 132 buts dès sa première saison, le feu follet termine dans le Top 10 des meilleurs buteurs de la Lidl Starligue. Du haut de ses 1,76m, le Serbe arpente sans relâche son couloir gauche et impressionne par sa vitesse et son sens de la finition. "Je ne suis pas le plus petit mais presque, je ne suis pas non plus le plus musclé, mais je compense par ma vitesse. C’est quelque-chose que j’ai toujours eu, reconnaît-il. Et puis le duel avec le gardien m’intéresse aussi beaucoup. C’est quelque-chose qui me plaît bien." Des qualités qui poussent Joël Da Silva, Toni Garcia et Philippe Gardent, ses entraîneurs successifs, à lui faire entière confiance puisque jusqu’à cette saison, il fut le seul pro à son poste.
"J’ai joué 60 minutes par match depuis quatre ans, c’est vrai. Je me suis habitué, et ça me plaît bien aussi, sourit-il. Mais je ne suis pas contre non plus me reposer un peu durant les rencontres. Et ça tombe bien puisque cette année, le club a recruté le petit champion du monde des U19, Gaël (Tribillon). Je vais avoir un peu de repos." Auteur de 12 buts en Coupe de la Ligue by Lidl, puis de 10 en Lidl Starligue pour sa reprise, Nemanja Ilic ne semble toutefois pas tout à fait prêt à lâcher la bride. "J’aimerais bien continuer ici, souffle celui qui est actuellement dans sa dernières année de contrat. Je me sens bien et j’aime vraiment jouer au sein de cette Ligue, au sein de laquelle je me sens reconnu, à l’image de mes trois sélections pour le Hand Star Game."
Un statut qui lui permet encore de conserver l’ascendant sur son petit frère, Vanja, 24 ans, ailier gauche comme lui, du côté du Metalurg Skopje. "Samedi, ils ont affronté Montpellier (victoire du MHB 32-22), et j’ai pu aller le voir jouer. Je suis content de le voir là, car lorsque vous êtes ailier gauche, c’est parfois difficile de sortir de notre pays. Il dispute cette saison la Ligue des champions, et j’espère qu’il pourra continuer à progresser, conclut-il. Je ne sais pas si ça va durer encore bien longtemps car il sera bientôt meilleur que moi, mais pour le moment, il me demande encore des conseils !" Tant qu'il ne s'agit pas de viennoiseries...
Benoît Conta
Crédit photo: Fenix Toulouse/Marie Campion Photographie