Les bêtises, très peu pour lui. Pierre Paturel est plutôt du genre tranquille, casanier. Un caractère à l’image de sa carrière, pour le moment passée en intégralité à Chambéry, où il est arrivé en 2005. "Au centre de formation, j’ai bien essayé de le diaboliser, mais ça n’a jamais fonctionné, sourit Yann Ducreux, son ancien colocataire. Pierre c’est quelqu’un de très calme, très réfléchi. Je viens d’ailleurs de voir qu’il s’était marié et avait eu un enfant avec la fille qu’il essayait de draguer il y a dix ans. Ca le représente bien je trouve."
Avec Chambéry, l’histoire dure elle depuis 12 ans, et s’étirera au moins jusqu’en 2020. "Il ne reste plus que Benjamin Gille et moi dans les anciens combattants. Je suis peu à peu devenu un ancien, reconnaît le pivot, pierre angulaire de la défense savoyarde cette saison. Je suis l’interlocuteur principal de Laurent Busselier dans ce secteur. Avec la blessure de Benjamin, ça m’oblige à communiquer plus avec le reste du groupe." Un rôle central que le natif d’Annemasse s’est construit peu à peu, sans faire de bruit.
"Arrière gauche, je n'aimais pas trop tirer..."
C’est en 2011, alors dans sa dernière année au centre de formation que le jeune pivot, 22 ans, profite de la grave blessure de Bertrand Roiné pour pointer le bout de son nez en équipe première. "Philippe Gardent avait besoin de quelqu’un en défense. Je n’ai fait que ça durant deux ans, même à l’entraînement", se souvient-il. Un rôle besogneux qui sied comme un gant à l’intéressé, déjà passé au poste de pivot par manque d’intérêt pour son poste d’origine, arrière gauche. "Je n’aimais pas trop tirer. Mes formateurs ont bien essayé, mais ça ne me plaisait pas plus que cela", sourit-il.
Travailler dans l’ombre, voilà ce qui botte Pierre Paturel. "Je trouvais ça plutôt cool de faciliter le travail des arrières, analyse-t-il. Ca me va parfaitement de travailler dans l’ombre. Je n’ai pas plus besoin de la lumière que ça." Alors s’il faut un temps ne plus passer la ligne médiane pour les besoin de l’équipe, soit. "C’est sur que c’est plus sympa de jouer en attaque aussi, mais quand tu joues derrière quelqu’un comme Grégoire Detrez, il faut savoir laisser sa place", estime celui qui joue les buvards et apprend les ficelles du métier aux côtés de Benjamin Gille, Karel Nocar ou Xavier Barachet.
"Pas besoin d'être exceptionnel pour être un bon défenseur"
"Défendre, j’ai toujours aimé ça. J’ai toujours estimé que tu n’avais pas besoin d’être exceptionnel pour être un bon défenseur. Tout est une question d’envie", décrypte celui qui passe tout de même pas mal de temps à bosser à la vidéo. "Il a toujours été très intelligent dans son jeu", glisse Yann Ducreux. Une intelligence pas inutile lorsque Mario Cavalli lui redonne quelques bribes de temps de jeu offensif, au départ de Philippe Gardent, en 2012. "J’avais un peu tout oublié mais j’ai commencé par les engagements rapides puis au fur et à mesure j’ai repris mes marques. Maintenant je pense que l’on forme un bon duo avec Johannes (Marescot)."
Un duo à 100% issu du centre de formation savoyard qui aura su tenir la marée lorsque le navire chambérien a sérieusement tangué, en début de saison. "Le groupe n’a jamais été trop atteint par tout ça. On a une équipe saine. Bien sûr il a fallu que je prenne un peu plus la parole qu’habituellement, mais on a traversé tout ça naturellement, conclut le « vieux combattant ». Maintenant, depuis l’arrivée de Laurent Busselier, on vit un second souffle. Ca se voit au niveau des résultats, mais aussi sur nos visages. On sait où l’on va, et les résultats suivent." Un contexte de nouveau favorable à un retour à l’ombre pour Pierre Paturel…
Benoît Conta