Ceux qui ne suivent le handball que d’un oeil n’ont pas découvert Hamza Kablouti sous un jour très reluisant. Deuxième journée, une action pas très maline sur un coup d’envoi de la part de l’arrière de Pontault-Combault agite les réseaux. Son équipe n’a peut-être pas remporté la rencontre à Cesson, mais le mal est fait. “J’y ai repensé tout le match, je n’étais vraiment pas bien. Ca m’a mis mal à l’aise vis à vis de tout le monde, mon coach, mes coéquipiers. C’était une erreur, un moment d’inattention, où j’ai été pris par l’enthousiasme. J’en ai pas dormi de la nuit” se souvient-il. Pas besoin de le pousser pour plaider coupable, donc.
Car ses détracteurs en ont profité pour remettre une pièce dans le jukebox où tourne la ritournelle “Hamza Kablouti est ingérable”. Cette réputation pas très flatteuse, l’arrière gauche la traine depuis le centre de formation de Tremblay en France. Au sein d’une promotion prometteuse, où évolue notamment le gaucher Micke Brasseleur, il va, de son propre aveu, “oublier pourquoi j’étais là. J’étais encore immature, je suis parti tôt de chez moi.” Un chez lui, à Angoulême, où le handball est une tradition. Le père jouait à un bon niveau en Tunisie, les trois soeurs vont évoluer, à un moment ou à un autre, en LFH. Ses deux grandes soeurs avec Angoulême, à la grande époque, et sa jumelle, Chedia, à Fleury les Aubrais. Si les deux ainées sont désormais avocate et DRH, tandis que la plus jeune est retournée sur Angoulême, Hamza, lui, continue le fil de sa carrière.
Un chemin tortueux et semé d'embûches
Mais le fil a, parfois, été un peu…tortueux, dira-t-on. Il est passé par l’Allemagne, où le désormais Pontellois a passé un an après son centre de formation à Tremblay. A Ulzburg, il ne va jouer qu’une saison, avant de tenter sa chance en Tunisie, un pays dont il possède également la nationalité. L’Etoile du Sahel, un épisode de sa carrière qu’il qualifie ouvertement de “désastreux. C’était un autre monde. Parce que je venais de France, j’ai été intégré différemment. J’avais l’impression que les gens au club ne voulaient pas que je réussisse. Si c’était à refaire, jamais de la vie je ne retournerais jouer là-bas.” Au moins, c’est clair.
Quand il revient en France, Hamza Kablouti n’est pas le même homme. “Mes deux années à l’étranger, je les ai pris comme une sanction. Quand je suis parti, je pensais que tout le monde allait m’oublier. Mais ça m’a fait grandir, ça m’a fait revenir plus fort. Avec la volonté de montrer à tout le monde que, finalement, je ne suis pas un monstre” continue-t-il.
Car entre la barrière de la langue en Allemagne, les salaires non versés en Tunisie, un club qui ne veut pas le libérer de son contrat pour qu’il revienne en France, Hamza Kablouti a connu le pire des expériences à l’étranger. Le tout, pour un même homme. S’y on y rajoute une opéarion pour sauver sa jambe après une infection, on comprend que le garçon a été forcé de s’endurcir à la vitesse grand V. Et c’est à Pontault-Combault qu’il a décidé de continuer sa route. Arrivé en janvier, alors que le club cotoyait les grands de Lidl Starligue, Kablouti n’en est pas parti, malgré la descente en Proligue. “Le discours de Cherif Hamani m’a plu, c’est un entraineur qui veut que je réussisse et qui sait me canalyser. Et dans ma carrière, il n’y en a pas eu dix qui ont réussi à le faire. Cherif et Stéphane Imbratta. Cherif, pour moi, c’est comme un grand frère” souligne Kablouti.
"L'échec ne m'effraie pas"
Parce que s’il est loin d’être incontrôlable, de son propre avec, Hamza Kablouti a besoin de quelqu’un pour lui mettre des limites. En partie à cause de son imagination débordante sur un terrain, mais aussi à cause de sa grande confiance en lui. “Oui, je n’ai pas peur de dire que l’échec ne m’effraie pas. Dans un match, si j’ai l’occasion de prouver que je peux faire quelque chose, je vais le faire” sourit-il. Ce qui donne un joueur ultra spectaculaire, à base de tirs à la hanche, de passes au pivot acrobatiques et de quelques 360 par-ci par-là. On sent bien là l’influence d’Ivano Balic, le seul joueur que l’international ait jamais copié. Très énervant pour les adversaires et sans doute un poil difficile à suivre pour les coéquipiers, mais les fans de belles actions se réjouissent. Et ceux de Pontault-Combault, encore plus. “J’ai trouvé un club familial, avec des gens très proches des joueurs. Si je suis performant sur le terrain, c’est aussi parce que je suis bien dans le club” termine-t-il.
Kevin Domas
Crédit photos : David