"On m'aurait dit y'a cinq ans que je jouerais au handball, que je serais professionnel et que je jouerais en Proligue, je pense que je me serais bien marré !" Abdoulah Mané, du haut de ses 23 ans, n'a pas peur de grand-chose, et surtout pas d'avouer qu'il y a quelques années, le petit ballon n'était pas celui qui avait sa préférence. A Aulnay sous Bois, là où il est né, c'est surtout le Paris Saint-Germain qui l'attirait. Pauleta, Ibrahimovic, les grands attaquants ont marqué la jeunesse du jeune Abdoulah. Qui arrive au handball au collège. "J'étais en classe sportive, il y avait du hand mais cela ne m'enchantait pas plus que ça. Mais bon, des copains à moi sont partis au club, alors je m'y suis mis aussi" se souvient-il. "A l'époque, on avait un peu honte de dire qu'on faisait du hand. C'était un peu un truc à part, un sport spécial, comparé au foot. On était jeune, on avait une mentalité un peu bizarre."
Mais si, dès son plus jeune âge, Mané montre quelques aptitudes, ce n'est que quand il va poser ses valises à Mulhouse, suite au déménagement de ses parents, qu'il va vraiment exploser. Belfort va d'abord taper à la porte et le voir cartonner lors des play-offs de N1, avec trois sorties à plus de dix buts. Et quand on voit un tel phénomène, normal que Besançon tape à la porte. "C'est un autre niveau, d'autres objectifs. Jouer en Proligue, je l'ai toujours eu en tête et bien sûr que je suis super content" sourit-il. Mais l'adaptation au professionnalisme a mis un peu de temps. "Ici, j'ai appris à manger handball, à penser handball tout le temps. C'est différent de ce que j'ai connu avant."
Un buteur né
Mais si le cadre est différent, l'expression reste la même : le but. Abdoulah Mané est, pour sa première saison dans l'antichambre de l'élite, le deuxième meilleur buteur du championnat, tournant à plus de six buts/match. "Mon boulot a toujours été de prendre les tirs, mais être meilleur buteur, je m'en fous un peu. Si cela peut permettre à l'équipe de gagner des matchs, alors tant mieux" sourit-il. Sauf que le problème, à Besançon, c'est que gagner des matchs, cela a été un peu compliqué cette saison. Seulement deux, depuis le mois de septermbre, alors que la formation bisontine est actuellement lanterne rouge. "Ce n'est pas une saison facile, mais on espère tous arriver à maintenir l'équipe. Si jamais le championnat reprend..." soupire Mané.
Car, pour l'instant, lui qui adore bouger est coincé dans son appartement, comme tous ses collègues. Alors il va marcher dans la petite cour de son immeuble, fait du renforcement et essaye, tant bien que mal de s'entretenir. Tout en se remémorant, peut-être, les souvenirs de sa convocation, à l'automne dernier en équipe nationale de Guinée. "Mon père est originaire de la Guinée-Bissau, mais il y a de nombreux liens entre les deux pays. Etre convoqué, c'est forcément valorisant quant à ma progression et le travail effectué" résume-t-il, un poil déçu de ne pas avoir pu prendre part au Championnat d'Afrique des Nations, puisque non retenu. Mais ce n'est peut-être que partie remise, quand on voit ses performances. Et après tout, il y a cinq ans, jamais Abdoulah Mané n'aurait jamais cru qu'il en serait là. Alors allez savoir où il sera en 2025...
Kevin Domas, photo : Lihoreau