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Mehdi Ighirri : "Avoir été capitaine de Mulhouse, une fierté dans ma carrière"

LNH - Publié le 07 août 2020 à 16h17
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Alors qu'il a quitté le monde du handball professionnel il y a deux ans, Mehdi Ighirri est resté dans le milleu, toujours dans son Alsace natal. Alors qu'il a entamé la préparation estivale avec son club de Mulhouse-Rixheim, le demi- centre passé par Sélestat, Pontault, Mulhouse et Dijon a pris le temps de nous raconter les moments forts de sa carrière.

Mon premier match pro

Un super souvenir ! C'était avec Sélestat, j'avais 18 ans, et c'était face à Ivry. Heykel Megannem, le demi-centre titulaire, était retenu avec la sélection tunisienne pour jouer la finale de la CAN, et j'avais donc été pris dans le groupe. Et j'avais fait un 6/10 ! Dans les buts, en face, y'avait Beno Lapajne, qui venait d'être élu meilleur gardien de l'Euro, et sur le terrain t'avais des mecs comme Luc Abalo ou Zoran Martinovic. Au moment de rentrer sur le terrain, je me suis dit de faire comme avec la réserve, et ça avait plutôt bien marché !

Mon dernier match pro

Bon, là, moins bon souvenir...C'était avec Dijon, une demi-finale de play-offs contre Pontault. On doit gagner d'un but, on est qualifié à cinq secondes de la fin, on a le ballon et là l'arbitre nous siffle...je sais toujours pas quoi. Et ils égalisent et on se fait éliminer, tout ça pour cinq secondes. T'as beau te dire que c'est du sport, des fois, c'est compliqué de passer au dessus de la déception...

Le meilleur joueur avec lequel j'ai joué

Issam Tej, avec qui j'ai joué à Sélestat. C'était un guerrier, un combattant, un super pivot, d'ailleurs il a une carrière énorme après. Et comme j'ai toujours eu un jeu porté sur la relation avec le pivot, ce genre de gars, c'est un plaisir. Je retiendrais aussi Iker Serrano, qui n'a jamais été jugé à sa juste valeur en France. A Mulhouse, c'était un régal de jouer avec lui, un des meilleurs pivots de ProD2 tous les ans. Et une pensée pour Sebastien Gaillotte aussi, celui avec qui j'ai du passer le plus de saisons dans ma carrière. On a parfois des joueurs avec qui on est complice dans sur le terrain, mais lui, c'est plus que ça. Un autre joueur qui aurait sans doute pu jouer plus haut.

L'entraineur qui m'a le plus marqué

Mon père, c'est lui qui m'a amené à ce niveau, qui m'a entrainé et formé jusqu'à ce que je devienne pro. Tactiquement, je n'ai jamais connu mieux, il a toujours eu quelque chose à m'apporter. Par moments, c'était compliqué, parce qu'il en demandait beaucoup aux joueurs qu'il pensait capable d'aller encore plus haut. Et plus il t'aimait, plus il était dur avec toi, les mecs de Mulhouse en savent quelque chose. Greg Martin et moi, on a pris cher des fois (rires). Mais il m'a tellement apporté que je ne peux que le remercier. A chaque fois que j'ai eu un entraineur, j'en ai tiré quelque chose. Je retiendrai quand même Pierra Alba, qui m'a entrainé en équipe de France jeunes, Mohamed Beraja et Sayed Ayari, que j'ai eu en équipe nationale du Maroc. 

Le joueur le plus compliqué à défendre

Je vais être sérieux, Greg Anquetil ! En début de carrière, je défendais en numéro un. Et on m'avait prévenu de faire gaffe, de pas laisser le ballon aller à l'aile, de fermer, de toujours me méfier. Et je le vois arriver au milieu de terrain, alors que je jouais pour la première fois contre lui. Il marche, et paf je le neutralise sur sa première action. Je peux te dire que je l'ai plus revu du match. Il m'a tout fait, demi-tour contact, un contre un, ça a été la revue totale (rires). 

Le joueur le plus méchant contre qui j'ai joué

Je dirais Pierre Lahore. Déjà qu'entre Mulhouse et Billère, c'était toujours chaud bouillant, mais lui, j'ai jamais compris. C'était certainement un mec correct en dehors mais sur le terrain, c'était méchant. Juste méchant.

Le joueur le plus fou

J'en citerais deux. Le premier, c'est Rock Feliho, que j'ai connu à Sélestat. Le genre de mecs qu'il faudrait avoir dans tous les groupes, un gars en or, capable de te souder un groupe en une heure. Je me souviens à l'époque, on avait été jouer à Livry-Gargan en coupe de la ligue, et Megannem est blessé. Le coach dit à Rock de jouer demi-centre, lui il se lève, il dit non, et que je dois jouer en attaque et lui en défense. 23 ans, il contredit le coach ! Au final, on qualifie, je fais un bon match, mais ça m'a marqué. Après, il était capable de moments de déconne pas possibles aussi. Dans un autre style, Greg Martin était pas mal non plus. A un moment, on joue contre Dijon avec Mulhouse, et Greg avait des locks. Pour les tenir, il mettait un serre-tête. Il revient en défense, et il le perd au milieu du terrain. Dijon monte la balle pas trop vite, et lui, il va chercher son serre-tête au milieu du terrain. Du coup, on prend le but...Je peux te dire que mon père était pas content (rires). Mais Greg, il pensait juste à ses cheveux !

Une fierté

D'avoir été capitaine de cette équipe de Mulhouse. Même si cette aventure s'est mal terminée en 2016, on était une vraie bande de potes. Tous les mecs sont restés de très bons contacts, on a des souvenirs collectifs très particuliers. Bien sûr qu'on a tous été triste à la fin quand ça s'est terminé, mais je suis super fier d'avoir porté le brassard de cette équipe, surtout pour moi, le natif du Haut-Rhin. J'ai aussi adoré avoir la possibilité de faire des compétitions avec les équipes de France jeune et junior, même s'il n'a pas été possible d'aller plus haut. Mais je possède la double nationalité, et avoir pu participer à une CAN avec le Maroc, c'est une vraie fierté aussi.

Et maintenant ?

Je suis entraineur-joueur à Mulhouse-Rixheim, qui vient de monter en N1. Entrainer a toujours été mon option numéro un pour mon après-carrière, donc j'ai passé les diplomes. J'ai toujours eu une âme d'entraineur, j'avais un petit carnet quand j'étais joueur où je notais les séances qui me plaisaient ou quand j'avais appris des choses. Je m'en sers encore aujourd'hui. Je me souviens d'avoir toujours voulu trouver la solution quand on avait des soucis sur le terrain, de faire beaucoup de video pour essayer de comprendre ce qui se passait. Pendant les causeries, je parlais pas mal. Maintenant, j'essaye de prendre le meilleur de ce que j'ai connu avant. Et mon père est toujours là si j'ai besoin de conseils ! J'espère un jour entrainer en Lidl Starligue ou en Proligue, ça serait un sacré accomplissement.

 

Kevin Domas